À bien y penser, c’est elle qui nous pense car elle est énergie. Une énergie du cœur qui infuse notre vision, nos perceptions, nos émotions et nos pensées. Voir à travers cette énergie c’est comme si on avait des yeux pour percer la carapace qui donne forme à nos jugements. Lorsque la bienveillance imbibe notre cœur et nos yeux, on voit différemment, ou plutôt on voit tout court, sans brouhaha mental et avec les yeux du cœur. Par exemple on voit et on ressent la souffrance de la mère qui vient de perdre son enfant, peu importe sa nationalité, sa religion, ses croyances ou sa classe mondaine. On voit et on ressent la souffrance de la planète et des animaux même si des incendies se déchainent à l’autre bout du monde car la bienveillance n’a pas de frontière, elle fait partie de l’énergie de l’unité. La bienveillance, je la ressens tout en rondeur car elle est inclusive. Elle n’a pas de sexe mais je la ressens au féminin car son amour est inconditionnel.
C’est
bon de s’ouvrir à cette énergie! Ça nous assoupli de notre rigidité, et nous
guérit de notre avidité et de notre arrogance, cause principale de la
souffrance humaine. La bienveillance nous invite à aimer plus et encore plus. Soyons
courageux et invitons-la à danser avec nous sur la musique de notre vie de tous
les jours.
La bienveillance, un mot qui semble bien à la mode. Certains nous invitent à être bienveillants envers telle ou telle personne et cela résonne quasiment comme «excuse-la»; à d’autres moments ils nous disent d’être bienveillant avec nous-mêmes et cela laisse pratiquement à comprendre qu’en plus de ne pas nous juger sévèrement pour nos fautes, nous avons à nous donner du bon temps! Pour nous éclairer, quoi de mieux que de contempler celui qui incarne de manière parfaite la bienveillance : Jésus. Regardons par exemple la scène où Jésus rencontre Bartimée, l’aveugle de Jéricho (Marc 10, 46-52). Nous observons d’abord que beaucoup cherche à faire taire l’aveugle car celui-ci crie fort pour être vu! Quant à Jésus, il s’arrête et souhaite donner toute son attention à ce pauvre homme. On se doute bien qu’avec la réputation de Jésus, Bartimée devait souhaiter sa guérison! Et pourtant Jésus ne fait rien sans que Bartimée ait exprimé son désir.
De plus, une fois la vue retrouvée, Jésus ne prend pas le mérite sur lui-même : c’est à cause de la foi de Bartimée que le miracle a eu lieu! Et sa foi l’invite maintenant à suivre Jésus. Que pouvons-nous retenir de ce qui caractérise ici la bienveillance de Jésus? La bienveillance est d’abord reconnaissance que l’autre existe, qu’il a du prix aux yeux de Dieu peu importe son état! Elle est désir de rencontre, de voir l’autre et d’être à son écoute. Elle ne présuppose pas les désirs et les besoins de l’autre, elle lui donne de pouvoir clairement les exprimer. Enfin la bienveillance redonne à l’autre sa fierté en reconnaissant qu’il a pris une part active à sa guérison… Et nous qui cherchons à suivre le Christ, avons-nous développé de telles attitudes de bienveillance?
Alain Gélinas, ptre Animateur spirituel, Terre Sainte Au pays de la Bible » du 13 au 25 mai 2020