Mot
dynamique, le CHEMIN est une formidable image, image de cheminement.
Mon
chemin de vie est passé par plusieurs étapes, toutes vécues par la rencontre…
moi, les autres, Dieu.
Étant
issu d’une famille catholique, croyante et pratiquante, je suis tombé à ma
naissance, dans la potion de la foi, pas nécessairement magique.
Pas
magique mais plutôt influencée par des personnes modèles qui par l’exemple de
la famille, m’indiquaient le chemin. Ce
fut l’étape des apprentissages de base, des règles et conseils.
Puis,
viendront les étapes scolaires où j’étais sensible à la spiritualité, celle qui
mène aux décisions et actions en passant par la réflexion méditative et le
discernement. J’étais déjà engagé dans
la foi, devenue ma foi; croire ferait partie de ma vie. Passages des remises en question obligent,
j’ai plusieurs fois essayé de ne plus croire… « qu’est-ce que ça
donne ? », je n’ai pas réussi.
Mon
cheminement personnel de foi m’amènera entre autres à vivre des expériences
d’engagement dans le cadre de la coopération internationale. Simple curiosité ? Non, une réelle intention de découvrir ce qui
rend les gens de là-bas heureux, là-bas où la pauvreté est victime de
préjugés. Expérience vécue à Madagascar,
ce ne sont pas les conditions matérielles qui déterminent le bonheur mais
plutôt les rapports harmonieux des personnes, quelles qu’elles soient. L’accueil et la cohabitation des différences
sont des valeurs évangéliques. Ma vie à
Madagascar a été une expérience de foi; il y a des jours où c’est humainement
impossible de survivre aux contraintes, mais il y a le divin en moi qui est
intervenu, Dieu s’est manifesté.
Mes
expériences de voyage ont eu un impact sur ma foi, notamment celle du chemin de
Compostelle. Au matin de chaque départ,
j’entendais en moi : «Lève-toi et marche ». C’est en marchant que j’ai cheminé, par la
rencontre du moi profond et des autres, c’est le canal de communication que
Dieu a choisi pour m’inspirer le beau, le bon et le service.
Marcher
avec et pour, soi et les autres, c’est marcher avec son Dieu. Lors de l’une de ces expériences de marche,
je réfléchissais en chemin en me demandant : mais qui donc est Dieu ? Soudainement, j’ai reconnu Dieu en mon
compagnon de marche; il m’est apparu resplendissant, beau comme le Christ
transfiguré. Dieu s’était manifesté dans
la personne qui se trouvait juste à côté, un proche. J’étais un disciple sur la route
d’Emmaüs. Je cherche et trouve dans la
proximité des personnes, l’occasion ou d’aider ou d’être aidé.
Le
thème du carême 2020, GRANDIR DANS LA FOI, trouve écho dans ma foi. Le cheminement réfère à la marche et à
l’avancement. Or, pour grandir dans la
foi, j’estime qu’il me faut répondre à un appel de Dieu qui m’invite à me
lever, constamment, partir, me mettre en route sans me poser trop de questions,
dans la confiance, en laissant mes habitudes, mes certitudes, ma sécurité. Et croire.
À l’exemple d’Abram. Comme si
j’étais sur le Chemin de Compostelle.
« Tout chemin est lieu de rencontre et toute rencontre en est le chemin » (André Bédard). J’ai encore des km à parcourir; je ne connais pas le lieu de l’arrivée, ni le moment, mais je sais que le bonheur n’est pas au bout du chemin, le bonheur c’est le chemin, « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14, 6).
C’est à 20ans que j’entrepris, suite à l’obtention de mon diplôme collégial, de partir en Europe avec un billet d’avion ouvert sur un an. Malgré mon jeune âge, j’avais besoin d’une année sabbatique pour faire le vide du quotidien et faire le plein de ce que la vie avait à m’offrir. J’aurai été partie 9 mois au total, ce qui a représenté pour moi une renaissance. J’avais planifié les premières semaines de mon périple pour ensuite me laisser porter au gré des rencontres que je ferais. C’est une semaine avant mon départ, que j’entendis parler du Chemin de Compostelle. Sans savoir pourquoi, ce Pèlerinage devait faire parti de mon voyage.
Avant mon départ, j’avais pris soin d’inscrire dans mon carnet de voyage les motifs me portant à vouloir partir aussi loin. J’ai vite compris que c’était pour mieux me retrouver, apprendre à définir qui je suis et faire des choix pour moi-même, sans l’influence de l’autre. Ce que j’avais projeté dans mon journal s’est concrétisé bien au-delà de mes attentes. J’ai appris à être à l’écoute de ma petite voix intérieure, à suivre mes intuitions et à vivre le moment présent! 15 ans plus tard, je ne regrette en rien ce temps investi vers l’inconnu, vers mon Être. J’en retiens l’importance de définir nos rêves, nos attentes, objectifs de vie, que ce soit à court – moyen – long terme. Cette mise en action m’a certes amenée à prendre des risques, mais lorsque l’on devient acteur de son bonheur au-delà d’être spectateur, je crois qu’on atteint un état de mieux-être dans un appel constant au dépassement de soi.
Aujourd’hui, de par ma profession de travailleuse sociale, c’est ce que je tente de transmettre en partie : accompagner les gens dans l’identification de leurs besoins et dans leur capacité d’affirmation afin de faire croître leur épanouissement personnel, l’estime de soi et la reprise de pouvoir sur leur vie. Apprivoiser les événements que la vie met sur notre chemin, apprendre à faire confiance, mais surtout, rester à l’écoute de soi. Avec Compostelle qui a contribué à mon cheminement, je continue à vouloir entreprendre la vie comme un long pèlerinage, où la quête n’est pas une fin en soi mais plutôt les expériences vécues pour y parvenir qui nous transforment dans la mesure où l’on décide d’être à l’écoute de nos intuitions et en cohésion avec nous-même.